Ils croient que leur histoire les a nourris comme une mère.
Ils parlent de racines, de fidélité et de justice.
Il ne savent pas que l'histoire est cannibale.
Elle a posé ses ventouses sur leurs entrailles et les dévore dans des guerres de fantômes.
Faut-il se tenir à l'écart?
J'aime ces mots sans temps et sans passé, qui invitent un intime où parlent d'autres racines, d'autres filiations.
J'aime ces histoires où la réalité est ailleurs, vers des résonnances intérieures qui s'exposent à d'autres rivages, d'autres virages.
J'aime ces phrases qui chantent comme le vent, des murmures différents à chaque oreille, des mélodies qui ont bercé le coeur du monde sans être jamais écrites. Et pourtant c'est le même vent qui ébouriffe et berce et chante.
Le vent me manque et ses bourrasques, ses caresses, sa main dans mes cheveux, sa poussière dans mon regard, comme me manque l'écume de l'océan qui m'a bercé, et son ivresse, son vertige, sa brume, sa lumière opalescente, comme un mystère humide qui napperait le monde et le coeur des hommes.
L'histoire est cannibale, mais l'histoire est le temps d'hier. Le temps d'aujourd'hui a parfois les entrailles à l'air. Mais personne ne sait rien du temps de demain. Peut-être un temps de ventre à la peau lisse offerte au vent salé et à la caresse d'une joue. Peut-être...