Laseine à
raison: la vie n'est qu'un échange d'odeurs. Et les mondes virtuels
en sont dépourvus. Noter aussi que peu de signaux peuvent produire
un effet aussi immédiat et intense qu'une odeur connue. Du moins si j'en juge par le plaisir instantané
que j'ai à plonger le nez dans le cou de ma fille et à
soupirer violemment par les narines pour enduire ma dernière
alvéole de fumeur de cigare repenti avec cet éther
impalpable et indéfinissable mais terriblement vivifiant.
Emmanuelle est une femme surprenante.
Si
elle est surprenante, ce n'est pas parce que son soutien gorge à
fleurs n'arrive pas à cacher que ses seins sont minuscules.
Ce
n'est pas non plus parce qu'elle est sergent chef dans l'infanterie
de marine.
Ni à cause de ses longues tresses africaines qui
descendent jusqu'au triangle de son string rouge.
Ni en raison de ses
gigantesque fesses noires, parfaitement sphériques, à
faire pâlir les mégères gendarmicides du marché
de Brive-la-Gaillarde.
Non.
Si Emmanuelle est surprenante c'est parce
qu'elle a le parfum d'une femme que j'aime et que je touche toujours
sans jamais l'examiner.
Soumis à une perception dissociée
de la réalité, j'ai senti le monde vaciller. L'odeur et
l'émotion qu'elle suscitait ne s'accordaient pas avec la
situation. Soudainement, j'ai douté du réel.
Un
monde sans odeur est peut-être un monde sans vie, mais qu'en
est-il d'un monde d'odeurs échangées?
Je connais l'ivresse olfactive dont tu parles. Pas de vie sans elle. Mes antennes sont dans mon nez. Et je le dis pas seulement à cause de la coke.
Hug.