Juste avant d’en sortir, Zidane a détruit les idoles du temple. Ce temple où il était consacré.
Au plus haut de sa gloire, au terme ultime de ses exploits, il
lèse le foot, ses règles, ses supporters, les média, son équipe, son drapeau,
sa nation. Et idole parmi ces idoles, il se lèse lui-même.
Avec le décalage qu’il faut, au moment le plus opportun, dans la plus grande salle médiatique du monde, au risque de la violence, il se donne en spectacle même à ceux que le foot indiffère. Il joue sa dignité individuelle contre la victoire collective. Juste à ce moment et à cet endroit là, il fait de l’anti-foot.
Le soir même, les gardiens du temple en faisaient leur
champion. Normal.
Si j’étais dramaturge et désireux de susciter des débats enflammés et des émotions contradictoires à propos d'un acte banal (un coup de tête contre une insulte), je pâlirais d’envie devant cette séquence parfaite, parfaitement jouée.
Et il n’y a eu ni mort ni blessé.
Icône?
Zizou est ce que l'on appelle une icône. Il incarne à la fois la communauté du foot et la France.
Son geste prend davantage de signification que pour n'importe quel autre joueur français.
Du coup , la France se partage entre ceux qui continuent à s'identifier complétement , et ceux qui se rendent compte de l'illusoire idéalisation d'un homme.