Exercice n°6 : Poser la vie de deux soldats israéliens au numérateur, la mort de 400 civils libanais au dénominateur, faire le produit en croix des combattants du Hezbollah, en déduire le PPCD et le nombre de victimes à Nahariya.
Je : Ne me parle pas encore de proportionnalité. La douleur du blessé ne donne pas la mesure de sa blessure, et ta souffrance quand tu le regardes n’est pas à la mesure de sa douleur. Qui va dire le contraire. Ce serait obscène de me demander pour quelle victime j’ai le plus d’empathie.
Ani : Ne me la fais pas à moi. Tu veux cacher ce qui t’attriste : cette nouvelle tâche sur le drapeau d’Israël. Après toutes ces années, tu voulais encore croire que le peuple juif peut exister sans emmerder le monde. Si tu veux prendre le deuil, porte celui de tes illusions. Déchire ta chemise, retourne les miroirs et assieds toi dans la cendre, mais fait l’effort de savoir précisément sur quoi tu pleures, car à chaque fois que tu te trompes, tu accouches d’un fantôme.
Me : Je n’ai plus d’illusions. Elles sont mortes en 1982. On enterrait mon grand père et on entrait au Liban. Je veux rester à l’écart, résister à mes atavismes et fuir tout conflit qui m’obligerait à me battre pour autre chose que mon humanité. Regarde les, tous ceux-là, qui croient défendre une juste cause et qui ne savent offrir au ciel que le phallus priapique d’un fusil mitrailleur. Je ne veux rien ajouter dans le compte commun de la détresse.
Ego : Tu simules le détachement et la sagesse mais personne ne te croit et tu ne pourrais même pas te convaincre toi même. Ne fais pas semblant. Le mot juif (ou jude ou jewish) te saute à la gueule sans permission et focalise ton attention même si ton regard est perdu au milieu d’une édition de la pléiade dont tu tournes les pages distraitement sans aucune intention de lire. Si tu entends parler d’Israël, tes entrailles réagissent bien avant que ne pointe le plus petit début de réflexion. Tu ne pourras jamais t’en libérer, tu n’as pas ce choix. Le peuple juif est ton fardeau et tu en es. Tout ce qui est fait en son nom, c’est un peu toi qui le fait. Alors ouvre ta grande gueule, prend ta part et dis que tu n’arrêteras pas de gueuler tant qu’Israël n’aura pas cessé d’ajouter aux souffrances du peuple palestinien.
Io : Ta mauvaise conscience est pitoyable et te fait ressembler à un rêveur suicidaire. Cette guerre du Liban n’a pas grand chose à voir avec le problème israélo-palestinien. Ce qui est en jeu, c’est l’existence de l’Etat d’Israël. Si tu y tiens, ne rejoins pas la cacophonie des avis, des analyses, des opinions et des jugements. Va faire un tour sur la blogosphère, et vois ce flot de haine appelant à l’effacement des « nasionistes et des terrosioniste ». Entends ceux qui pensent qu’Israël est une parenthèse de l’histoire, et que la réconciliation entre l’occident et l’orient, vaut bien un sacrifice. Imagine le Proche-Orient sans Israël, pense à la façon dont les gouvernements arabes ont toujours instrumentalisé la cause palestinienne et tu comprendras que ce serait probablement une catastrophe pour les palestiniens aussi.
Muy : Tu me gonfles avec tes prophéties à
Sono : Toi, tu es le pire d’entre-nous. Moi, je sais, je rêve.
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J'ai pas de mots pour commenter une telle note, j'ai vraiment pas de mots.